C’est la Cave Romagnan que le saxophoniste Manu Carré et ses hommes avaient choisie pour présenter le troisième album de leur groupe Electric Five. Entouré de ses fidèles comparses Auriélien Miguel, guitare, Florian Verdier, claviers, Nicolas Luchi, basse électrique et Félix Joveniaux, batterie, Manu Carré et son groupe emplirent l’espace réduit, vu la taille de l’orchestre, du célèbre « Bar à Jazz » niçois pour nous présenter leur troisième opus, le bien nommé « City Traffic ».
Tenant à présenter l’album dans son intégralité, le groupe joua les 8 morceaux qui le composent, qui furent joués dans l’ordre exact du disque, pouvant ainsi donner une idée exacte cet objet jazzistique (mais pas seulement). Du 1er titre « Agripper la trappe » (contrepéterie hivernale) jusqu’au dernier (le morceau-titre), ce fut une véritable feu d’artifice que nous offrirent les cinq compères. Tous excellents musiciens, ils font preuves d’une inventivité de tous les instants aussi bien les deux solistes principaux Manu lui même, puissant et volubile avec un son proche de son premier inspirateur, Clarence Clemons, et Aurélien Miguel (impressionnant de bout en bout, alliant un jeu fusion à la John Scofield aux pyrotechnies hendrixiennes), que la rythmique, jamais prise en défaut, pulsant et groovant sans relâche, et le Fender Rhodes de Florian liant le tout avec une intelligence « Zawinulesque ». Justement c’est entre autres à Weather Report que ce groupe fait penser, même goût des contrastes, de la diversité, de la finesse dans la puissance et vice-versa. Même facilité a fondre toutes les musiques, jazz, funk, rock, world music, dans un infernal brouet en anglais « brew », ça vous rappelle quelque chose? dont la liberté n’est qu’apparente, (car tout est pensé) même si, et c’est tant mieux, elle fut présente de bout en bout de concert. Si le trompettiste Nicolas Folmer qui joue sur le premier et dernier morceau du disque (ce qui n’a rien d’étonnant car il creuse en ce moment un peu le même sillon) n’était pas hélas présent ce soir là, son absence ne fut pas un frein, loin de là.
Et votre humble chroniqueur ne s’était pas trompé lorque il évoquait Weather Report, puisque le troisième morceau était une composition co-signée par Manu et Aurèlien (l’une des deux seules qui ne soient pas dues à l’unique plume de Manu) intitulée « Luniwaz » ce qui n’est autre que l’anagramme de Zawinul.
Un concert de toute beauté et un disque qui lui est en tous points conforme. Un régal.
Photo : Jacques Lerognon.
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