Chaque année, le NJO – Nice Jazz Orchestra – se lance dans le répertoire d’un musicien mythique de l’histoire du jazz. Cette année, le choix s’est porté sur Wayne Shorter, disparu en 2023. Trois concerts hivernaux au Théâtre Francis Gag, le Jazzophone était présent le samedi 1er février.
C’est en septet que le NJO a choisi de rendre hommage au célèbre saxophoniste. Sous la direction amicale et bienveillante de Pierre Bertrand au saxophone, la section de cuivre étincelle avec Cyril Galamini au trombone
et deux invités bien connus des fidèles du Nice Jazz Orchestra, Sylvain Gontard
et le québécois Ron Di Lauro, deux trompettes, deux voix bien distinctes. La section rythmique est, quant à elle, assurée par le contrebassiste Christian Pachiaudi
et le batteur Alain Asplanato tandis que le fidèle Frédéric D’Oelsnitz est derrière son piano. C’est avec le très ludique One by one, longtemps introduction des concerts de Art Blackey and the Jazz Messengers, que le set commence, morceau qui permet à chaque musicien de s’exprimer dans des solos courts, toniques, joyeux. Les enchainements sont fluides, le swing et le groove omniprésents. Après Black Nile, avec un superbe solo du pianiste et Speak no evil – qui donnera lieu à un bel échange franco-québécois -anglais entre Ron Di Lauro et Pierre Bertrand – c’est au tour d’une composition de ce dernier, Luna, bel hommage à Wayne Shorter. Ron di Lauro est ici au bugle, la mélodie est langoureuse, chaude, envoûtante autant que dynamique.
Comme d’ailleurs This is for Albert, joli hommage au journaliste Gilbert d’Alto récemment décédé, renommé donc…This is for Gilbert. Vient le temps des tubes du saxophoniste américain, Infant Eyes puis Foot Prints : on sent la cohésion du groupe, leur plaisir à jouer ensemble, jouer dans toutes les acceptions du terme. Les balais soyeux du batteur accompagnent magnifiquement Frédéric d’Oelsnitz tandis que la contrebasse rythme délicatement l’arrivée des cuivres. Très beau duo des deux trompettistes qui entament une jolie conversation. Le temps s’écoule, trop rapide, c’est le moment du rappel : Pierre Bertrand,
très disert, passeur infatigable, se lance dans un cours sur les « modes » musicaux, avant que d’ « enfourcher » une flûte pour interpréter une de ses compositions, évoquant la couleur des rêves, magenta pour le saxophoniste. Après un deuxième rappel, il est temps d’éteindre les lumières, qui ont brillé magnifiquement pour une légende de la musique. Une belle soirée de jazz assurée par sept musiciens passionnés, talentueux et généreux.
le 01/02/25 au Théâtre Francis Gag - Nice