C’est un véritable marathon qu’effectua pour vous l’équipe du Jazzophone, qui nous mena dans différents endroits de la Riviera, et des deux côtés de la frontière.
Nous attaquâmes donc ce marathon vendredi soir 19 août avec l’excellent quintet du batteur Nicolas Viccaro, qui venait présenter son album « Intensions » à la Note Bleue à Monaco.
Entouré d’un quarteron de musiciens hors pairs (Grégory Privat : piano, Stéphane Guillaume : sax, Jérome Regard : contrebasse, Anthony Jambon : guitare), il dévoila une musique passionnante, dans l’esprit jazz-rock fusion, certes, mais pas seulement. Ils ouvrirent d’ailleurs le concert par la magnifique composition de Wayne Shorter « Nefertiti » qui figure sur l’album de Miles Davis du même titre.
Ensuite, place aux compositions de Nicolas, toutes originales, si ce n’est un morceau de Michaël Brecker et un autre de Sting. Les cinq musiciens se dépassèrent , avec chacun une virtuosité époustouflante. Puis ils furent rejoints par la jeune chanteuse Hyleen Gil, pour une très belle ballade de sa composition. Moment de pure émotion, et soirée d’exception dans le cadre magnifique de la plage Larvotto.
Autre moment d’exception qui nous vit traverser la frontière pour aller à Sanremo pour nous rendre au Unojazz Festival, dont c’était la dernière soirée, avec à l’affiche en première partie le chanteur David Linx, et son trio (Diderik Missels, piano, Christophe Wallermme, contrebasse, Donald Kontomanou, batterie). Très beau répertoire en mode crooner à la Kurt Elling.
Puis ce fut LE grand moment : un All Star Band réuni par le pianiste Antonio Farao avec autour de lui quatre musiciens extraordinaires : le violoniste Didier Lockwood, le saxophoniste Joe Lovano, le contrebassiste Lars Danielson et le batteur Lenny White, connu pour sa participation à deux albums mythiques du jazz des seventies : « Bitches Brew’‘ de Miles Davis et « Red Clay « de Freddie Hubbard.
Premier chorus en forme de feu d’artifice d’un Didier Lockwood, sautant partout tel un diable sorti de sa boîte, nous rappelant la première fois où nous l’avions vu sur scène, à Digne, alors qu’il faisait partie de Magma, à la fin des années soixante-dix. 40 aprés, toujours la même pêche et la même confondante habileté. Il me fit penser à une nouvelle de H.P.Lovecraft « Le violon maléfique d’Erich Zann »… Puis Joe Lovano souffla la tempête avec son ténor, Antonio fit vibrer l’ébène et l’ivoire, Lars Danielson fit vrombir la mémère (contrebasse en argot de musicien) et Lenny White martela peaux et cymbales, sur des standards de jazz explorés de manière « Coltrano-Tynerienne », voire « Davisienne ». Un très grand concert de jazz moderne par un orchestre qui fonctionne comme un véritable groupe, et non pas une simple réunion de stars aux égos surdimensionnés. « Magic Moment ».
Retour en France le lendemain, plus précisément à Nice au club le Shapko, où se produisait le grand trompettiste Nicolas Folmer, en compagnie des musiciens niçois Luc Fenoli (guitare), Mickaël Barthélémy (orgue) et Jérôme Achat (batterie). Nicolas connait bien Nice et ses musiciens car il fut souvent l’invité du Nice Jazz Orchestra dirigé par son collègue du Paris Jazz Big Band, Pierre Bertrand. Un concert de grande qualité, dans un esprit à la fois hard-bop et fusion, Nicolas s’autorisant quelques envolées lyriques avec la pédale wah-wah, rappelant le Miles de la période la plus électrique. Deux heures de régal, avant la jam-session pendant laquelle Max Miguel (batterie) et son frère Aurélien (guitare) se joignirent au quartet pour un moment électrique !
Le mardi suivant, nous rejoignîmes le charmant village de la Colle sur Loup pour le festival Place au Jazz qui se tient en Juillet/Août sur la Place de Gaulle, au centre du village. Concerts de 19h à 20h 30, absolument gratuits, avec la crème des musiciens régionaux . Ce soir là, c’était au saxophoniste-flûtiste Eric Polchi et à son groupe Bright Moments de s’y coller, c’est le cas de le dire, pour un bel hommage à Rhasaan Roland Kirk. Avec un sextet de fabuleux musiciens, qu’on en juge: Fred D’Oelsnitz, piano électrique et bugle, Olivier Giraudo, guitare, Bela Lorent, trombone, Michel Romero, contrebasse, et le toujours étonnant Jean-Luc Danna à la batterie, qui ont servi de belle manière les compositions du légendaire saxophoniste aveugle de Columbus, Ohio.
A la manière de son maître (voir photo ci-dessus) Eric Polchi joua de plusieurs saxophones simultanément, ainsi que de la flûte. De beaux chorus également de la part de Fred et Olivier, ce dernier avec une approche assez « Jazz-pop » qui n’aurait pas déplu à Kirk, lui même, un des pères de cette fusion. Un concert que j’aurais renommé « Great moments » !
Nous retournâmes à Monaco le surlendemain, toujours à la Note Bleue, pour un concert exceptionnel du trio de Frank Mc Comb, pianiste-chanteur venu de Cleveland, Ohio (décidément), et ancien collaborateur de Prince, Chaka Khan et Branford Marsalis. C’est bien évidemment de jazz-funk dont il s’agit là, avec une voix proche de Stevie Wonder (dont il reprit plusieurs morceaux) et un jeu de piano, et surtout de piano électrique Fender Rhodes, proche d’Herbe Hancock. Pour le soutenir, deux des meilleurs musiciens français de ce style, Hadrien Féraud à la basse électrique et Nicolas Viccaro, dont nous traitons plus haut, à la batterie. A eux trois, ils dégagent une énergie absolument époustouflant et une joie de jouer complètement communicative. Un moment de pure jubilation.
Pour clore ce marathon, une semaine après l’avoir commencé, nous nous rendîmes dans l’arrière-pays, au festival Coartjazz organisé par l’ami Jean-Marie Deray, dans le village de Coaraze, qui est à la fois un festival et un séminaire, puisque les master class constituent l’essentiel de ses journées, et les jam-sessions de ses soirées, et se termine généralement par un concert donné par l’ensemble des professeurs. Néanmoins, cette année, un intervenant extérieur, un concert du toujours excellent Sébastien Chaumont Quartet, que nous nous empressâmes d’aller écouter, tant il est l’incarnation même d’un certain esprit jazz. Toujours accompagné des fidèles Olivier Slama (piano) Sébastien Lamine (contrebasse) et Thierry Larosa (batterie), et oeuvrant toujours dans ce mélange be-bop /hard-bop / New Orleans Style et blues, le quartet fit le bonheur de ses nombreux et passionnés admirateurs, dont votre serviteur.
Nous les retrouvîmes le lendemain soir à Nice, à la toujours chaleureuse (dans tous les sens du terme !) et conviviale Cave Romagnan pour un concert encore une fois de elle facture.
Le lendemain, nous retournâmes au Shapko pour retrouver Olivier Slama (piano) Sébastien Lamine (contrebasse) et Thierry Larosa (batterie), qui accompagnaient notre amie et collaboratrice du Jazzophone Denia Ridley, qui conclut, avec ses ballades et standards du jazz vocal ; d’une manière particulièrement suave ce marathon exténuant mais de bout en bout passionnant.
Photos : La Note Bleue Productions, Claudio Citarella, Philou Antsirabe, Isa La Zaza, Marie Ringle, Philippe Desjardins.
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