À l’aube d’une nouvelle majorité parlementaire, imaginons un instant un monde musical replié sur lui-même.
Dans ce contexte politique tumultueux, il est évident que nombre d’électeurs se tournent vers l’extrême droite, non par adhésion aux idées xénophobes, mais bien souvent en signe de protestation contre les politiques actuelles, perçues comme de plus en plus déconnectées des réalités des Français. Ces citoyens, qu’ils vivent en province, qu’ils soient d’origines diverses ou simplement de plus en plus précarisés par le coût de la vie, expriment par leur vote un ras-le-bol palpable.
Cependant, il est crucial de ne pas oublier les conséquences d’une telle montée en puissance de l’extrême droite. Comment un parti fondé sur la haine et le repli sur soi pourrait-il promouvoir et célébrer une musique telle que le jazz, née du creuset afro-américain, symbole de liberté, de diversité et de métissage ? Cette musique, véritable crossover de styles et d’influences, incarne nos nouveaux modes de vie cosmopolites et ouverts, à mille lieues de la vision étriquée et excluante de certains partis politiques.
Le jazz, dans sa quintessence, est l’antithèse de l’idéologie de fermeture et de rejet de l’autre. Il est le reflet d’un monde où les frontières sont poreuses, où les cultures se mêlent et s’enrichissent mutuellement. En ces temps troublés, il nous rappelle la beauté et la richesse du dialogue interculturel, et nous invite à résister à toute forme de régression identitaire.
Car au-delà des urnes, c’est bien de l’âme de notre société qu’il s’agit. Préservons-la avec la même ferveur et la même passion que celle qui anime les musiciens de jazz lorsqu’ils improvisent sur scène, créant ainsi, à chaque note, une ode à la liberté et à l’humanité partagées.
L’illustration de cet édito a été réalisée par Ambre Mistret, élève en première année à l’école de Condé à Nice. Nous avons lancé un concours avec l’aide de leur professeur, Émilie Camatte.