La camarde continue avec « son zèle imbécile » à s’acharner sur les musiciens en général, et les musiciens de jazz en particulier. Après le décès brutal du saxophoniste Paolo Sapia survenu il y a 15 jours, nous apprenons aujourd’hui celui de Toots Thielemans, alias le baron Jean-Baptiste Frédéric Isidore Thielemans, légendaire harmoniciste et plus grand spécialiste de l’instrument dans le domaine du jazz.
Né à Bruxelles le 29 avril 1922, il achète son premier harmonica à 11 ans, après avoir un film policier dont la musique mettait cet instrument en valeur, et l’apprend en autodidacte. C’est pendant l’occupation qu’il se prend d’une forte passion pour le jazz, il découvre Louis Armstrong. et apprend la guitare en écoutant les disques où Django Reinhardt, son premier modèle. À la Libération, il est engagé dans de petites formations de swing et de blues. Puis en 1947, il effectue un premier voyage aux Etats-Unis, et rencontre à New York, les pianistes Hank Jones et Lennie Tristano qui l’ouvrent à une forme de jazz aux harmonies plus complexes. Retour à Londres et au swing pour une tournée avec Benny Goodman, puis c’est le départ définitif pour les Etats-Unis en 1951, où il rencontre Charlie Parker dont il était jusqu’à hier, l’un des deux seuls musiciens (avec Roy Haynes) encore vivants à avoir accompagné l’un des plus grands génies musicaux du XXème siècle. Il joue ensuite avec Roy Eldridge, George Shearing, Lena Horne, Chico Hamilton…
En 1962, il compose « Bluesette » qui devient un standard international et le fait connaître de toute la planète jazz et même dans le monde de la musique populaire. Il collabore alors avec quelques uns des plus grands chanteurs et auteurs-compositeurs américains , comme Paul Simon, ou Harry Nilsson, avec lequel il enregistre « Everybody’s talking« , chanson du film « Midnight Cowboy« , qui devient un succès mondial. Il enregistre également avec les monstres sacrés de la grande variété américaine comme Ray Charles ou Frank Sinatra. Mais son amour du jazz ne le quitte jamais, et il continue à jouer et enregistrer avec de purs jazzmen comme Bill Evans, Ella Fitzgerald ou Charlie Haden. Il garde toujours les oreilles ouvertes aux nouveaux courants, et on va bientôt le retrouver aux côtés des jeunes loups du jazz-fusion comme David Sanborn, Jaco Pastorius ou Pat Metheny musiciens dont il pourrait pourtant facilement être le père.
Toots avec notre ami et collaborateur Claudio Citarella
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