La Côte d’Azur et le Jazz, c’est avant tout une histoire d’amour, avec les Américains, sur fond de guerres mondiales. Ce nouveau courant musical, certes arrivé à un moment opportun, bénéficia de situations idéales, qui ont fait de ce territoire un centre de pratique du Jazz. Le mouvement d’euphorie et de libération qui envahit la France à deux reprises dans l’histoire marqua un intérêt pour la culture qui permit l’éclosion du Jazz.. Ce n’est pas un hasard également si plusieurs musiciens noirs américains choisiront de rester vivre en Europe, et en particulier sur la Côte d’Azur. Loin de la ségrégation qu’ils subissent aux USA, ils découvrent une région agréable et accueillante pour y travailler et y être reconnus en tant qu’artistes. Les musiciens français côtoient donc toujours autant de musiciens noirs américains, pour des concerts et des nuits endiablées dans la plupart des villes de la Côte d’Azur et ce jusqu’au bout de la nuit !! Très lié au tourisme d’abord hivernal, puis estival, le Jazz s’épanouit sur la Riviera française, qui accueille, de plus en plus, une clientèle internationale, à la recherche de sensations nouvelles et inédites.
La fameuse Revue nègre avec Sidney Bechet et Joséphine Baker s’installera à Nice à l’Eldorado en 1927, et le jeune Louis Armstrong jouera pour la première fois au Casino Municipal à Nice en janvier 1935. Son succès grandissant, il subjuguera le public niçois et laissera une trace indélébile sur la diffusion du Jazz sur la Côte d’Azur. Un Jazz « à la française » va rapidement s’imposer dans la communauté de musiciens et plusieurs orchestres vont se produire dans les Palaces, Dancings, Casinos, Cabarets de la Côte d’Azur.
L’orchestre de Gregor mène le bal à Nice et à Monaco avec un génie multi-instrumentiste : Stéphane Grappelli, pendant qu’un jeune guitariste du nom de Django Reinhardt fait ses armes sur la scène du Palm Beach à Cannes.
Le Jazz, profitant de l’émergence d’une saison d’été, se fait donc une place au soleil. Des stations balnéaires se créent, comme Juan-les-Pins, à l’initiative d’un industriel américain, Frank Jay Gould, grand amateur de jazz ; et qui y bâtit un des plus célèbres hôtels de la planète jazz azuréenne : Le Provençal, juste en face de la célèbre Pinède Gould du Festival International de Jazz à Juan. Cette révolution culturelle marquera à jamais la France et en particulier la Côte d’Azur, et nous espérons que grâce au journal Le Jazzophone, dans les pas de nos aînés du CIM (voir page II), nous arriverons à perpétuer cet esprit du Jazz avant tout synonyme d’ouverture, d’esprit, de joie, et de partage, le tout au soleil de la Riviera.